mardi 9 septembre 2014

"Enfance" de Nathalie Sarraute


Résumé : Ce livre est écrit sous la forme d'un dialogue entre Nathalie Sarraute et son double qui, par ses mises en garde, ses scrupules, ses interrogations, son insistance, l'aide à faire surgir "quelques moments, quelques mouvements encore intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs (...) ouatées qui se défont et disparaissent avec l'enfance". Enfance passée entre Paris, Ivanovo, en Russie, la Suisse, Pétersbourg et de nouveau Paris. Un livre où l'on peut voir se dessiner déjà le futur grand écrivain qui donnera plus tard une oeuvre dont la sonorité est unique à notre époque.

Mon avis : X

Le genre autobiographique n'est pas un genre que je vénère et j'en lis donc très rarement. Cela devait bien faire trois ans que je n'en avais pas lu mais à chaque fois cela me fait le même effet, et là ce fût évidemment le cas. Les dernières autobiographies que j'ai dû lire sont Lambeaux de Charles Juliet et Enfance d'Annie Ernaux (avec laquelle j'ai trouvé des ressemblances).
Je ne peux m'empêcher de me demander : ma vie (ici mon enfance) ne vaut-elle pas mieux d'être racontée que celle de l'auteur ? En effet, même si cette lecture nous permet de nous plonger dans l'enfance d'une autre époque, ce que je trouve intéressant, je ne peux m'empêcher de me dire que j'ai également vécue une enfance que je pourrai tout aussi bien faire lire. En fait, tout le monde pourrait raconter son enfance et on trouverait à chaque fois des choses intéressantes et différentes. Ce genre met en valeur certaines personnes, ce que je déteste.

L'histoire de Nathalie Sarraute n'est certainement pas des plus banales, même si elle a beaucoup voyagé durant son enfance. On ressent un certain malaise dans ce livre car l'auteur discute avec elle-même, ce que je trouve gênant car je n'avais jamais vu ce procédé auparavant. Je me suis demandée parfois si l'auteure n'avait pas essayée de s'inventer un ami à qui elle aurait souhaitée parler mais en fait il semble bien que ce dialogue soit un monologue avec elle-même. C'est stupéfiant à lire. Elle ne peut pas rattraper le passé mais elle se questionne encore dessus. Ses relations avec ses parents, divorcés, sont bouleversantes, et c'est là où elle a su capter mon attention. C'est comme si elle n'avait pas reçu d'amour d'eux et cela m'a fait beaucoup de peine. Le comportement de sa mère est décrit et j'aurai aimé en savoir plus sur les raisons.

Le style est clair et fluide. J'ai apprécié de pouvoir tourner les pages aussi facilement, les paragraphes étant très nombreux, car cela donne l'impression de lire un album d'enfant (d'où la concordance de la forme avec le titre). Cette sensation a été très agréable durant la lecture. Cette auteure ne fait décidément pas partie de mes préférés mais j'aimerai encore découvrir son roman Le Planétarium (1959).

=> Un genre que je ne lis que très rarement et que j'apprécie peu mais qui permet ici de se plonger dans l'enfance d'une petite fille, futur écrivain, du début du XXème siècle.


Genre : Autobiographie
Publié en 1983
Pages : 277
Mouvement : Nouveau Roman
Français

8 commentaires:

  1. Je ne garde pas un bon souvenir de cette lecture. Tout simplement parce que son enfance ne m'avait pas intéressée. Et ton billet confirme que je ne relirai jamais cet ouvrage.

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  2. J'adore ce genre ! Je trouve que l'auteur en général en dit davantage sur une époque ou sur son oeuvre que lui-même. Peut-être les autobio récente sont plus égotiques... Lu deux fois, même si ce n'est pas l'auteur et le style que je préfère...

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  3. Je ne l'ai pas lu mais je me souviens que mes profs en Lettres nous en avaient parlé. J'avais trouvé les cours sur l'autobiographie très intéressants. Ce que je trouve intéressant avec les autobiographies, c'est qu'on ne sait pas si l'auteur dit vrai ou non. L'auteur peut décider d'enjoliver la réalité, ou de modifier des éléments pour provoquer des sentiments différents chez son lecteur. Mais il y a aussi l'épreuve du temps : l'auteur peut se tromper sur un événement qu'il raconte, tout simplement parce qu'il a oublié un élément. Comment savoir s'il se souvient réellement de ce qu'il a ressenti à un instant t ? Ça peut aussi être une manière pour l'auteur de se ré-inventer. Bref, je n'ai pas lu beaucoup d'autobiographies, mais c'est un sujet d'étude qui m'avait beaucoup plu lorsque j'étais étudiante en prépa littéraire :)

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    1. Tu as entièrement raison mais moi c'est ce qui me gêne. Le but est d'écrire ses souvenirs mais à quoi bon les faire lire s'ils ne sont pas totalement vrais ?

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  4. une auteure que je n'ai encore jamais lue... il faudrait!

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  5. Je me souviens l'avoir lu il y a 2 ou 3 ans de ça, mais ce roman ne m'a pas plus marquée que ça (sauf le passage avec Rocambole à la fin qui est extra !) Comme toi, je trouve que le genre de l'autobiographie est un peu délicat, surtout que l'enfance de Sarraute ne m'a pas parue extraordinaire ou vraiment digne d'intérêt ... En tout cas pas dans mon souvenir !
    Bises !

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  6. Je l'ai lu plusieurs fois, j'adore cette autobiographie.

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  7. Je l'avais lu pour le Bac Français et c'est le seul que j'ai vraiment aimé. Le professeur que nous avions avez su le rendre captivant. Ça remonte quand même à presque 10 ans... donc je ne me souviens pas de tout en détail. Il faudra que je le relise à l'occasion. Merci en tout cas pour ton article

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